Consommer français, un acte engagé qui demande de l’implication

30 Juin 2021 | 0 commentaires

Le « bleu blanc rouge » a la cote. Tant mieux dans de nombreux cas, car consommer français peut avoir un impact positif sur la planète tout en soutenant l’économie nationale. Attention toutefois, il ne s’agit pas de s’arrêter à une étiquette affichant un drapeau bleu blanc rouge, ni même d’acheter local par réflexe. Français ne rime pas toujours avec respect de l’environnement, même lorsque le transport de la marchandise est réduit à une distance minime.

jeune femme bénévole association enfants

Comme souvent, il s’avère essentiel de s’informer en profondeur, tant que faire se peut, avant de choisir tel ou tel produit. Tentons modestement de guider nos lecteurs sur ce chemin semé d’embûches !

Consulter rapidement dans l’article :

Les labels

Jouer sur les mots

Les avantages

Ça veut dire quoi, consommer français ?

Rentrons directement dans le vif du sujet. Aujourd’hui, de nombreux termes et expressions souffrent d’une définition trop floue, compliquant les débats et la réflexion. La notion de « consommation française » en fait partie. « Fait en France », ça ne veut rien dire, en tout cas pour les matières premières qui franchissent moult étapes jusqu’à la distribution du produit final. Bref, à peu près tout ce que l’on achète, hormis des denrées alimentaires fournies directement par un producteur local. Peu de choses peuvent en effet se targuer d’une production 100 % française si l’on considère la chaîne complète :
  • Culture des végétaux, élevage des animaux, extraction des minéraux, etc. On pourrait même remonter plus loin dans certains cas, comme l’origine de la nourriture servie aux bêtes.
  • Transformation, fabrication, assemblage
  • Conditionnement et emballage
  • Stockage
  • Distribution etc.
À partir de là, on comprend la difficulté à y voir clair, d’autant que la réglementation n’impose pas toujours une information précise et exhaustive.

Consommer local : un parcours du combattant selon les produits

Dire que s’informer sur l’origine d’un produit demande du temps est un doux euphémisme dans certains cas. Pour beaucoup d’aliments bruts, pas de problème : l’indication est tout simplement obligatoire pour la viande bovine, le miel, les fruits et légumes ou encore les poissons. Pour les vêtements, facile aussi, mais seulement pour le lieu de fabrication. En revanche, bon courage pour les plats transformés, et la plupart des secteurs non alimentaires. Tour d’horizon des différents signes et marquages indiquant que tout ou partie d’un bien provient de France.

Made in France : un bon début mais des limites

Erreur à ne pas commettre : amalgamer Made in France (ou « Fabriqué en France ») et consommation française. Bien que proches, la première notion est relativement restreinte et délimitée par la Loi, tandis que la seconde désigne à la fois un concept plus large et un comportement très concret, mais sans encadrement juridique. Comme l’indique le ministère de l’Économie, le Made in France est une mention, un marquage qu’une entreprise peut utiliser pour informer les consommateurs de l’origine de ses produits. Il n’y a pas de cahier des charges dédié auquel se conformer pour utiliser ce label ; seulement des articles réglementaires à respecter (règles d’origine non préférentielle). Critère principal : la dernière transformation substantielle doit avoir eu lieu dans l’Hexagone, comme précisé dans l’article 24 du code des douanes communautaire européen :
« Une marchandise dans la production de laquelle sont intervenus deux ou plusieurs pays, est originaire du pays où a eu lieu la dernière transformation ou ouvraison substantielle, économiquement justifiée, effectuée dans une entreprise équipée à cet effet et ayant abouti à la fabrication d’un produit nouveau ou représentant un stade de fabrication important. »
De multiples règlements rentrent bien plus dans le détail, en abordant tous les cas de figure ; cela mériterait un article dédié. Pour s’assurer d’être dans les clous, une entreprise peut demander vérification auprès de la douane via une procédure d’Information sur le Made in France (IMF). Cette définition du Made in France basée sur l’origine non préférentielle démontre ses limites : quelle part du produit vient de tel ou tel pays ? 50 %, 75 %, 90 % ? Difficile à dire.

Origine France Garantie : plus pointilleux que le MIF

L’obtention du label OFG nécessite quant à lui le respect d’un cahier des charges précis, autour de deux conditions mentionnées sur le site officiel Origine France Garantie :
  1. Le produit prend ses caractéristiques essentielles (sa forme distinctive) en France
  2. Au moins 50 % du prix de revient unitaire (coût de production + quelques frais supplémentaires) sont acquis en France.
Chaque secteur d’activité doit répondre à des règles spécifiques (agroalimentaire, cosmétiques, menuiserie…). C’est l’association Pro France qui pilote le dispositif ; il existe quatre organismes qui décernent la certification :
  • AFNOR
  • Bureau Veritas
  • FCBA
  • CERIB
Cette marque a donc plus de valeur qu’une simple étiquette Made In France et constitue une bonne boussole pour des achats engagés.

Les marques d’origine géographique plus précise : région, ville…

On en distingue plusieurs types :
  • Labels régionaux : Produit en Bretagne, Saveurs en’Or, Sud de France… ces marques collectives sont souvent créées par des associations afin de promouvoir le terroir ou l’artisanat de la région. Même s’il arrive que certaines matières premières soient importées, ces labels font vraisemblablement la part belle à la production locale, avec des cahiers des charges exigeants.
  • Appellation d’origine contrôlée : le fameux label AOC met en avant un produit « lié à son terroir ». Autrement dit, dont l’intégralité des étapes de production ont été réalisées dans une même zone, avec un « savoir-faire reconnu ». L’AOC concerne le territoire français : au niveau européen, c’est la mention d’appellation d’origine protégée (AOP) qu’il faut porter. Là encore, un cahier des charges détaille les conditions d’obtention, avec des contrôles par un organisme indépendant.
  • Indication géographique protégée : elle vise uniquement les produits agricoles, viticoles et agroalimentaires, bruts ou transformés. Ces derniers doivent puiser une propriété essentielle, comme leur qualité ou leur réputation, dans leur origine géographique. Une notion assez subjective donc, mais toujours avec un cahier des charges concret. On comptait 219 IGP françaises en 2019.

Et bien d’autres labels

Impossible de citer toutes les certifications et signes d’origine qui font honneur à l’Hexagone. En voici quelques autres :
  • Entreprise patrimoine vivant
  • France Terre Textile
  • Spécialité traditionnelle garantie

Des vendeurs qui jouent sur les mots

La tendance à consommer français prend de l’ampleur, et le marketing n’a pas tardé à sauter sur l’occasion. Afin de satisfaire l’intérêt des acheteurs pour des produits « bien de chez nous », les vendeurs en font parfois des tonnes sur le moindre aspect national. C’est là que les choses se corsent. Conçu en France, confectionné en France, « designé » en France, assemblé en France, conditionné en France, mis en sachet en France… À quand le « Transporté en France », ou mieux, « Vendu en France » ? Problème : toutes les étapes ne se valent pas en matière de valeur ajoutée, d’emploi et de respect de l’environnement. Et soyons honnêtes, les marques savent très bien qu’un drapeau bleu blanc rouge sur un paquet boostera ses ventes, même pour une « Mise en boîte en France ». Pourtant, cela peut induire en erreur certains consommateurs mal informés, qui pensent acheter un produit du coin. Souvent, l’arbre cache la forêt puisque cette méthode permet aux entreprises de montrer uniquement ce qui les sert, et laisser dans l’ombre tous les aspects moins flatteurs. On ne peut se satisfaire d’un simple emballage ou d’un dessin de prototype dans un atelier français, quand tout le reste de la fabrication s’est fait à l’étranger. Préférons la culture ou les grandes étapes industrielles, et bien sûr l’ensemble de la chaîne dans l’idéal (parfois, la marchandise est française mais a pourtant été transformée ou conditionnée dans un autre pays…). Une belle idée, très facile à dire mais beaucoup plus compliquée à concrétiser ! Retenons que consommer bleu blanc rouge dépasse largement le Made in France et les autres appellations. C’est une recherche d’informations permanente, qui nécessite de creuser au-delà d’un joli logo sur l’étiquette.

Comment consomment les Français ?

Macarons de toutes les couleurs Opinion Way a réalisé un sondage en octobre 2020 pour l’agence Insign auprès d’environ 1 000 personnes. Le sujet : la consommation de produits français, plus précisément Made in France (a priori, car nous n’avons pas trouvé les questions exactes). Il en ressort que 61 % des Français achètent – sur une base déclarative – du « MIF » le plus souvent possible depuis le début de la crise sanitaire. Près des 2/3 des interrogés auraient augmenté leur consommation de produits tricolores.
81 % À cette étude d’Opinion Way s’ajoute celle de l’Insee publiée en 2019, pour des données datant de 2015. Une statistique fait réagir : 81 % de la consommation totale des ménages (en euros) concernerait du  « Made in France », ou plutôt de la valeur ajoutée française.
Ce bilan de l’Insee mérite un peu plus de détails, au vu des disparités qu’il exprime.
  • C’est le secteur tertiaire qui tire le pourcentage vers le haut : les services pèsent lourd en valeur et sont « produits » à 90 % en France. Rien d’incroyable puisque cela concerne les activités immobilières, l’administration publique, l’enseignement, la santé…
  • Les secteurs primaires et secondaires s’en sortent beaucoup moins bien. Les denrées alimentaires, boissons et tabac français représentent 60 %, pour 40 % d’importations. Pour l’agriculture, la sylviculture et la pêche, c’est quasiment du 50-50. Au total, les biens manufacturés ou fabriqués (exemple : textile, électronique, machines…) penchent largement du côté de l’import.
Point positif : on remarque tout de même beaucoup de reportages et articles autour du sujet en ce moment. Espérons voir une réelle embellie, avec un engagement des sondés qui se concrétise dans les statistiques de consommation (bien sûr, l’implication des entreprises est également primordiale, étant donné l’importance des échanges B2B). On peut aussi saluer l’apparition d’applications pour aiguiller vers des offres françaises : Pushoose pour n’en citer qu’une.

Quels avantages à acheter français ?

Bon, il est vrai que cette section arrive un peu tard, mais il y avait de quoi dire sur les parties précédentes. Venons-en à l’argumentation pour convaincre les sceptiques : pourquoi consommer français ? En 3 mots : meilleur, solidaire, durable.

Soutenir une économie locale et vertueuse

La préférence nationale n’a pas toujours bonne presse, mais elle met quasiment tout le monde d’accord en matière de consommation. Face aux délocalisations et à la mondialisation sans pitié pour certains secteurs, métiers ou régions, privilégier des producteurs ou artisans locaux traduit un soutien fort à l’économie de nos régions. D’autant plus qu’il faut souvent payer davantage ; et ça, c’est un signal qui ne trompe pas sur la puissance de l’engagement !
86 % Pour 86 % des Français, acheter un produit fabriqué en France est la garantie d’avoir un produit élaboré selon les normes sociales respectueuses des salariés (IFOP 2018 pour Pro France).
Cependant, il convient de ne pas corréler local et vertueux. Chez Gagnant-Gagnante, nous ne connaissons pas les pratiques managériales ni salariales de chaque entreprise, mais on peut néanmoins saluer un cadre de travail plutôt favorable dans le pays de Molière. Rien n’est rose, mais les nuances sont certainement plus sombres à d’autres endroits du globe. Notons qu’ici, nous ne faisons pas de différence entre un employeur français ou étranger, à partir du moment où la production a lieu sur notre territoire. La première option est évidemment préférable dans l’idée d’un soutien total à la France, et d’une pérennité de l’activité.

Profiter de produits de meilleure qualité

Naturellement, ça dépend de la fabrication. Au même titre que les conditions de travail, on peut reconnaître un encadrement réglementaire propice à la qualité. Tout est relatif néanmoins : l’herbe est plus verte que chez d’autres États (Brésil, États-Unis, Canada…) avec le développement de la bio, les petites productions régionales, la diversité des filières. Ajoutons à cela le goût du terroir, le savoir-faire français et la culture du bon et du bien fait. Les ingrédients parfaits pour une recette réussie. Mais il y a encore du chemin : agriculture et élevage intensifs, abattoirs aux conditions catastrophiques, chaînes industrielles qui utilisent les matériaux les moins chers…

Réduire son empreinte environnementale, sous conditions

Consommer français, c’est agir de manière responsable pour réduire le transport des marchandises. Pour autant, l’acheminement ne représente souvent qu’une petite part des émissions de gaz à effet de serre dans le cycle complet d’une production. Certes, le secteur du transport représente une part énorme des rejets de CO2, au niveau français comme mondial (source : Futura Sciences). Mais cela concerne avant tout le déplacement de passagers, notamment les trajets quotidiens en voiture. Concrètement, il faut donc aller plus loin que le logo bleu blanc rouge. Une marque de nos régions peut facilement faire plus de mal à la planète qu’une TPE très engagée dans le développement durable à l’autre bout du Monde, malgré la pollution du transport jusqu’à chez nous. Par ailleurs, il est bien gentil d’inciter les consommateurs à boycotter les importations en brandissant fièrement le drapeau écologique « Diminution de l’impact carbone du transport ». Mais alors dans le même temps, pourquoi se féliciter des entreprises françaises qui se développent à l’international et se mettent à exporter, sans regard sur leur écoresponsabilité ? Nous leur souhaitons du succès, mais n’est-ce pas paradoxal ?

Les freins à la consommation locale

Une production française qui n’existe pas toujours

Nous avons la chance de pouvoir acheter presque tout ce qu’il nous faut sans sortir des frontières. En tout cas pour combler tous nos besoins primaires : s’alimenter, s’habiller, se loger (mais si, dans une maison en bois !)… Un journaliste patriote a même tenté l’expérience de vivre 100 % Made in France pendant un an. Sans surprise, il reste des angles morts. Notre territoire n’offre pas toutes les ressources, n’abrite pas toutes les industries ni toutes les compétences. Les délocalisations n’ont pas fini de faire parler d’elles, du fait de nos salaires beeaauucoup trop élevés. Dans ce domaine, l’épée des mousquetaires ne fait pas le poids face au lance-pierre. Réfrigérateur, gaz naturel, télévision, minerais, smartphone, pétrole… Autant de choses impossibles à trouver par ici. Mais ce n’est pas grave : en tant que consommateurs, il y a déjà suffisamment d’efforts à faire en privilégiant ce dont nous disposons. Cela enverra un signal fort qui encouragera les entrepreneurs engagés à se lancer, et incitera le gouvernement à créer un contexte favorable.

Et pour le prix ?

Reste un autre problème majeur, le coût de l’offre française. Pour le domaine alimentaire, ça va. Question de quantité notamment, mais aussi de la politique agricole commune européenne, principale source de revenus des agriculteurs ; un modèle plutôt bancal donc. Quant aux vêtements, l’électroménager ou encore les meubles, ils ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Nous n’avons malheureusement pas de solution miracle : souhaitons que ceux qui en ont les moyens achètent de plus en plus de produits français, afin de contribuer à baisser les coûts. Pour les plus modestes, progressons pas à pas, en commençant occasionnellement – offrir des cadeaux par exemple – pour finir en beauté, par des habitudes durables.

Consommer français, oui, mais surtout consommer mieux

Vous l’avez compris : Made in France n’est pas synonyme de qualité. La production low-cost sévit aussi par chez nous : pas question d’opter aveuglément pour un emballage bleu blanc rouge. Il s’avère donc important, encore une fois, de se renseigner, s’informer, chercher l’offre la plus écoresponsable au global : sobriété énergétique, respect des employés, préservation des ressources, etc. Autre point crucial à retenir pour simplifier nos achats : le « MIF » est une opportunité énorme pour les marques. Par conséquent, si elles produisent quelque chose en France, ou si un ingrédient en vient, elles ne vont pas se priver d’en informer le consommateur. Certaines l’indiquent même dans leur nom de marque. À partir du moment où rien n’est indiqué, on peut penser à coup – quasi – sûr que ce n’est pas français. En résumé, consommons français ET bien : favorisons les labels (mais pas n’importe lesquels), le local (mais pas n’importe quelle entreprise), le brut (mais produit de façon vertueuse)… Sans pression, à notre échelle, nous améliorerons la situation du pays et de la planète.
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