Pour que l’agriculture biologique devienne la norme

10 Juin 2020 | 0 commentaires

Par conviction, par curiosité ou même par hasard, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique concerne désormais tous les Français ou presque. Toutefois, le sujet prend plus de place dans les médias que dans nos assiettes. Peu d’entre nous ont fait du bio leur norme au quotidien, malgré tous ses bienfaits.

jeune femme bénévole association enfants

Plusieurs freins justifient cette difficulté à abandonner les produits « conventionnels » : le prix du bio bien sûr, mais aussi le manque de choix par exemple. Ensemble, tentons de démocratiser ce qui ne devrait plus être décrit comme une simple tendance.

Consulter rapidement dans l’article :

Les avantages

Les labels

Les freins

Où en est la filière bio en France ?

Commençons par une petite contextualisation. L’agriculture biologique désigne une façon de produire respectueuse de l’écosystème : l’ensemble de ses procédés (culture, élevage, récolte…) intègre une approche durable qui prend soin des terres, des animaux et des Hommes. Objectif : prendre des distances avec l’agriculture intensive et industrielle, décriée pour ses conséquences environnementales, en adoptant des méthodes plus naturelles et moins destructrices.

Plus concrètement, le bio – ou la bio – se résume souvent à la limitation des produits chimiques, et à l’attention portée au bien-être animal. Attention à ne pas développer une vision binaire : certes, il a fallu déterminer ce qui avait droit ou non à l’appellation « biologique », selon des critères arbitraires et chiffrés (taux de pesticides, d’OGM, surface d’élevage, etc.). Néanmoins, ces étiquettes ne doivent servir que d’indicateurs. Dans nos actes de consommation, il est essentiel de garder à l’esprit le fondement de l’agriculture bio : produire de manière responsable. Aussi simple à dire que complexe à appliquer !

Infographie agriculture biologique

Même si 71 % des Français consomment bio au moins une fois par mois, le sujet n’a pas encore convaincu tout le monde.

  • Tout d’abord, il ne faut pas se réjouir trop vite : au moins une fois par mois, c’est loin d’être satisfaisant. On peut imaginer que de nombreux interrogés ne font que quelques achats biologiques chaque mois.
  • En outre, plus d’1 personne sur 4 ne mange pas un seul produit bio certains mois (!).

Chacun y verra un verre plutôt plein ou plutôt vide, mais il y a comme un décalage entre les données de consommation ou du moins les sondages, et l’importance que prennent les reportages, les articles, les événements liés à la bio dans nos vies. Mais revenons aux valeurs de Gagnant-Gagnant : ni jugement ni fatalisme, mais de l’optimisme et de la motivation. S’il faut convaincre les sceptiques, et bien allons-y !

Tous les avantages de l’agriculture biologique

Comme le notent certains, à juste titre, il est temps que le terme « conventionnel » qualifie non plus la production intensive et polluante, mais sa cousine biologique. En effet, les avantages de cette dernière ont tout pour en faire la norme de demain. D’ailleurs, c’était bien la norme d’hier, non ?

Selon la façon de voir les choses, il n’y a même pas d’avantages à se nourrir de fruits, légumes, céréales, viandes et produits laitiers bio. Seulement des inconvénients à ne pas le faire !

Manger bio : les intérêts pour vous

51 % 51 % des non consommateurs d’agriculture bio n’y voient pas d’intérêt. Tout simplement. Un signe marquant du manque d’information chez certains, ou de la défiance vis-à-vis de ces informations.

Pourquoi manger bio ? La question mérite plus qu’un « pour ne pas manger de pesticides » en guise de réponse. Une étude approfondie a été publiée sur le site anglais Environmental Health en 2017, par l’éditeur scientifique BioMed Central. En analysant plus de 250 sources, les auteurs de différentes universités (Suède, France, États-Unis, Pologne…) ont mis en lumière tous les bienfaits de l’alimentation biologique sur la santé. Voici les conclusions qui en ressortent :

  • Moins de risques de maladies chroniques. Diabète, maladies cardiovasculaires, cholestérol, Parkinson… les données disponibles laissent supposer un lien entre la nourriture bio, même consommée occasionnellement, et une plus grande résistance aux maladies chroniques. De quoi sensibiliser les femmes enceintes et les encourager à se mettre au vert, dans l’intérêt de leur progéniture.
  • Moins de résistance aux antibiotiques. Les animaux élevés en agriculture intensive ingèrent plus d’antibiotiques qu’en bio, notamment pour compenser tous les facteurs de stress et de maladies (manque d’espace, aliments de piètre qualité, etc.). Un excès qui pose problème une fois que ces substances se retrouvent dans notre organisme ; certaines d’entre elles accroissent la résistance à nos propres antibiotiques. Pour les animaux, ils ne doivent pas non plus être automatiques !
  • Moins d’atteinte au cerveau. Les dommages neurologiques de l’agriculture conventionnelle sont évoqués dans de nombreux ouvrages. Les pesticides (insecticides, herbicides, fongicides…) présentent un risque pour le développement du cerveau. Encore une fois, ce sont donc les fœtus, nouveau-nés et jeunes enfants qui subissent le plus ces préjudices. Autant les habituer à une nourriture de qualité le plus tôt possible !
  • Moins de risques d’obésité. Manger bio, c’est aussi se prévenir d’un risque de surpoids voire d’obésité. Cet aspect vaut surtout pour les acheteurs fréquents, en comparaison aux acheteurs occasionnels ou non acheteurs. Difficile de désigner une raison unique à ce résultat (le taux de sucre ou de graisse d’un aliment n’augmente pas avec l’utilisation d’engrais chimiques).

Note : souvent, l’alimentation bio s’inscrit dans un ensemble d’habitudes vertueuses. Ses consommateurs ont tendance à faire plus de sport, à moins fumer, à être plus attentifs à leurs achats, etc. Par conséquent, les avantages ci-dessus ne doivent pas être considérés comme inhérents à la bio ; plutôt comme une source de motivation à embrasser un comportement globalement responsable.

Les intérêts du bio pour l’environnement

On ne le répétera jamais assez : Homme et Environnement sont indissociables. Ce qui profite à l’écosystème profite à notre espèce. Logique, nous en faisons partie ! Toutefois, cette vision globale et systémique tend à disparaître, malheureusement. Sans doute à cause d’une société trop rapide, court-termiste, où chaque action doit avoir une réaction visible instantanément.

Ainsi, il est primordial de retenir que tous les avantages ci-dessous, bien que relatifs à la planète, ont un impact – immédiat ou non – sur l’Homme.

  • Préservation des sols, des eaux et de l’air. Parmi les bénéfices du bio sur l’environnement, on retrouve bien sûr la diminution de la pollution. De quoi plaire aux terres (plus fertiles, moins sèches, moins érodées), aux nappes phréatiques, aux océans, à l’atmosphère et à tout ce qui constitue notre planète bleue. Moins de substances chimiques répandues = un exemple à suivre durablement.
  • Protection de la biodiversité. Conséquence directe d’une pollution réduite et de sols plus riches : une nature qui reprend ses droits, au-delà des espaces agricoles. La bio privilégie des techniques plus écologiques, moins agressives pour la biodiversité. Rien d’étonnant puisque ces méthodes ont fait leurs preuves durant des siècles, avec un minimum d’atteinte à la faune et la flore.
  • Baisse des dépenses énergétiques. Selon une étude de l’ONU, l’agriculture bio utilise 30 à 50 % d’énergie en moins dans sa production. Un chiffre intéressant – pour les exploitations comme pour l’écologie – à relativiser néanmoins. Effectivement, la production est un maillon parmi d’autres ; idéalement, l’analyse devrait prendre en compte l’intégralité du cycle. Notons aussi que l’activité en bio nécessite souvent une main d’œuvre supplémentaire, pour compenser cette réduction de la consommation énergétique.
  • Meilleure santé pour les animaux d’élevage. Avec des terrains plus vastes et des repas plus nutritifs, le bétail et la basse-cour se portent mieux. Au bout de la chaîne, c’est l’Homme qui en tire profit. Viande, œufs, lait… ces denrées gagneront également en valeur nutritionnelle grâce à un meilleur traitement des animaux.

Agriculture biologique : ne pas s’arrêter aux labels

Agriculture bio labels

Malheureusement, il est pratiquement impossible d’être certain du caractère biologique d’un produit. À moins, évidemment, que vous cultiviez votre blé, vos carottes et vos pommes dans votre potager. Même en achetant en circuit court, il s’avère compliqué de s’assurer du travail de l’agriculteur. Alors quand il s’agit d’une grande surface ou d’un plat industriel…

La plupart du temps, il n’y a qu’une solution : faire confiance aux étiquettes. Rien de nouveau puisque la problématique vaut pour n’importe quelle propriété : l’origine, les ingrédients, le commerce équitable, les valeurs nutritionnelles, etc.

Sans nul doute, le gage n°1 de confiance sur le bio est le label, dont les plus célèbres en France :

  1. AB, logo français qui valide les normes de notre pays
  2. Eurofeuille, logo européen qui valide les normes de l’UE.

Pas question de critiquer ce type de marques ou le principe des labels, indispensables aujourd’hui. Les organismes de contrôle font leur job du mieux qu’ils peuvent.

Il faut seulement, en tant que consommateurs, apprendre à voir au-delà de ces logos. Ne pas développer un automatisme pavlovien. N’oublions pas la raison d’être du bio : mieux se nourrir en préservant les milieux naturels.

  • L’absence de label n’est pas forcément un défaut : les entreprises – TPE par exemple – ne souhaitent pas toujours faire la démarche de labellisation.
  • Le choix du label ne doit pas être instinctif : entre un produit bio importé et un autre local mais sans certification, que choisir ? Pas de bonne réponse…

Bref, informons-nous, réfléchissons, parlons avec nos producteurs locaux, soyons des consommacteurs !

Comment manger bio sans se ruiner ?

Il faut bien l’avouer : si chaque produit bio coûtait le même prix que son équivalent conventionnel, nul doute qu’ils rempliraient davantage les paniers des supermarchés.

75 % Selon une étude du magazine Linéaires – spécialisé en distribution – et du groupe Nielsen, sur plus de 200 catégories d’aliments, le bio est vendu en moyenne 75 % plus cher qu’un même article « classique ». Un surcoût décourageant voire rédhibitoire pour bon nombre de Français : c’est le 1er frein avancé pour ne pas en acheter plus souvent et en plus grande quantité.

Le manque d’informations, autre frein mentionné dans les enquêtes, n’arrange rien. Pourquoi mettre la main au portefeuille alors que le doute plane (sur la garantie et même sur les bénéfices de l’agriculture biologique) ?

Rendre le bio et plus généralement l’écologie accessible, ça demande l’implication de tous les acteurs publics et privés. Actuellement, plusieurs raisons justifient les prix élevés, plus ou moins légitimes. Les charges supplémentaires bien sûr, la rareté, mais aussi l’effet de mode.

Alors comment faire ?

  • Concentrons-nous sur notre rôle, celui des ménages. Nous devons accroître nos achats bio, en retenant une chose : même si le ticket de caisse est plus cher, une santé préservée n’a pas de prix. Moins de rendez-vous chez le docteur, moins de médicaments… sur la durée, nous y gagnons tous. Et renforcer la consommation, c’est une des conditions pour que l’offre grandisse, que la tendance se transforme en phénomène pérenne, synonymes de baisse des prix.

Autre frein : la disponibilité des produits bio

Si comme la majorité des gens, vous faites vos courses au supermarché, vous devez constater que le bio n’a pas encore rempli les rayons. Beaucoup de magasins y consacrent un rayon dédié, basta.

Ceci explique – en partie – un élément cité dans les études : l’absence de réflexe chez certaines personnes qui n’ont pas l’habitude de manger bio. En effet, pas facile de forger un réflexe quand 9 rayons sur 10 ne proposent que de la nourriture conventionnelle !

Nous ne rejetons pas pleinement la faute sur les grandes surfaces (non spécialisées, naturellement). Celles-ci s’adaptent à la demande, en suivant son rythme. Les foyers se convertissent progressivement ; les circuits de distribution aussi. Cependant, cantonner les articles biologiques dans un rayon unique va à l’encontre d’une stratégie de démocratisation. Cela permet de chouchouter les clients du bio, qui trouvent leur bonheur au même endroit, mais renvoie des symboles défavorables :

  • Anormalité (mise à l’écart du reste)
  • Inaccessibilité (tout est plus cher)
  • Exclusivité (« le coin des bobos »)…

Enfin, cette faible disponibilité vient aussi du manque de diversité au sein de l’offre. Pour les aliments bruts (œufs, lait, plantes…), pas de problème. Mais les grandes marques, chères à beaucoup de Français, ne se précipitent pas à décliner une version bio de leurs produits transformés. Pourtant, il s’agit d’une bonne manière d’initier au sujet les plus hermétiques d’entre nous. Et rien de tel que des promotions afin d’inciter les curieux à tester !

Conclusion : la balle est dans notre champ

Que de choses à dire sur l’agriculture biologique ! D’autant qu’ici, nous n’avons abordé que la partie immergée de l’iceberg, celle qui nous concerne en tant que consommateurs. Sous la surface, les questions se bousculent :

  • Comment accompagner les agriculteurs ? Les distributeurs ?
  • Comment nourrir 7 milliards d’êtres humains – bientôt 10 – avec des méthodes moins productives ?
  • Comment susciter la confiance de toutes les parties prenantes ?
  • Comment organiser le commerce agricole mondial, en maintenant un équilibre entre préférence locale et bon sens (respect des saisons et des besoins naturels des ressources) ?

Ces problématiques ne relèvent pas de notre compétence sur Gagnant-Gagnante. Elles méritent le travail de tous les dirigeants, scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs du Monde. Apportons simplement notre pierre à l’édifice : mangeons bio !

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